Peintures – 9 au 14 mars 1995 - par Laurent Goumarre
Immédiatement identifiable, le travail de Jean-Pierre Allain affirme depuis 1986, date de sa première exposition personnelle, une cohérence remarquable pour un jeune peintre de trente ans... aux idées fixes.
La composition du tableau est sensiblement la même : la composition offre sur un seul plan un ou plusieurs sujets figuratifs, le plus souvent extraits du répertoire traditionnel de la nature morte, des zones indépendantes de couleur traitées en aplat, enfin des formes en relief posées sur la surface qui en brisent l’unité picturale. Le tout fonctionne sur un mode de tension qui assure à chacun des composants sa spécificité sans que la lecture du tableau ne perde de sa lisibilité. Car le contact établi avec l’œuvre doit rester immédiat : nulle hiérarchie entre les différents éléments, tous appréhendables en un même coup d’œil. Ainsi, en dépit de sa dimension figurative, le tableau ne cède jamais aux mirages d’une peinture littéraire. Pas de narration, pas de récit. Ours en peluche, soldat de bois ne raconteront jamais la sentimentalité suspecte des enfances révolues, ne raconteront jamais rien. En jouant sur la monumentalité potentielle du jouet, Allain parvient à court-circuiter toute velléité de nostalgie pour mieux privilégier le propos de sa peinture.
Si l’enjeu n’est pas émotionnel ni expressionniste.
S’il est vain de rechercher dans ses tableaux les souvenirs d’enfance, traumas ou tout autre indice autobiographique quand Allain lui-même cherche à effacer jusqu’à la trace de son pinceau.
La peinture n’est pas pour autant lointaine, même couchée derrière sa plaque de plexiglas. Tout est là, évidemment visible, sans que nous n’ayons rien à imaginer. Mais voir enfin le spectacle de la peinture.
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Tableaux des années 1994 à 2003
Ruptures d'échelles et perturbations diverses de l'image : reliefs, perforations et effacements.